Il est de ces hommes que l’on rêve de rencontrer à l’agence et dont on s’inspire au quotidien.
En cette période de crise financière et de yoyo boursier, il est bon de lire cet article du Monde 2 consacré à Muhammad Yunus, prix Nobel de la Paix en 2006 (Le Monde 2, Le Manifeste de Muhammad Yunus, 25 avril 2008). Voilà de quoi redonner espoir aux désabusés du capitalisme.
C’est dans les années 1970, après la terrible famine qui a ravagé le Bangladesh que Muhammad Yunus, alors professeur d’économie, réalise combien il est “de plus en plus difficile d'enseigner d'élégantes théories économiques sur le fonctionnement supposé parfait des marchés libres, tandis que la mort ravageait [son] pays". De cette prise de conscience naît l’idée fondatrice du microcrédit.
Légende : Muhammad YUNUS
Contrairement aux banquiers dont on dit qu’ils ne prêtent qu’aux riches, Muhammad Yunus lui rêve d’une banque qui ne prête qu’aux pauvres. Ainsi, la Grameen Bank, du mot village en Bengali, naît en 1978 et s’étend rapidement dans 20, 40, 100 villages du district. Un quart de siècle plus tard, les résultats sont incroyables : la Grameen Bank est présente dans 43 000 villages du Bangladesh, allant jusqu’à atteindre un milliard de dollars prêté au Bangladesh l’an dernier. Le succès de la formule est planétaire.
Mais son idée, aujourd’hui, est autre. C’est celle du “social business”. Un social business consiste à monter une entreprise à capitaux privés, dont le but premier n'est pas le profit mais le bien social. “Pour autant, ce n'est pas de la philanthropie. Les investisseurs doivent reprendre leurs billes et l'entreprise doit s'autofinancer.” L'ancien professeur d'économie croit au modèle capitaliste : “La charité n'est pas une solution durable. Un dollar donné n'a qu'une vie, tandis qu'un dollar investi dans un social business a la vie éternelle.”
Une belle invitation pour les entreprises et les inciter à réfléchir à leur responsabilité sociale. “Regardez autour de vous, vous trouverez partout de quoi monter un social-business.”
Alors qu’attendons-nous ?
C'est une belle idée en effet, en théorie... mais savez vous qu'en pratique, l'idée n'est pas aussi jolie qu'elle n'y paraît? Des familles entières en Inde et au bangladesh, sont prises dans la spirale du surendettement et sont incapables de rembourser les prêts accordés par la grameenbank. Comme nous le révèle un excellent reportage réalisé par France 24, les méthodes employés par le personnel de ce "social business" sont expéditives et se raprochent du harcèlement.
"La technique c’est de faire peur aux gens, de les insulter. On leur dit de vendre leurs habits, qu'ils n'ont pas le choix. Je ne suis pas fier de moi, mais plusieurs fois, j'ai été jusqu'à dire ''vendez vos enfants''."
confie une personne travaillant à la grameenbank.
Les représentants de la banque restent muets sur ces pratiques. Il est impossible d’avoir un entretien avec Mohammed Yunus et le siège social est interdit aux journalistes un peu trop curieux.
Pour voir le reportage:
http://www.france24.com/fr/20080404-microcredit-bangladesh-humanitaire-mohammed-yunus-grameen-bank
Rédigé par : Leila | 28 mai 2008 à 17:10