L’offre est en plein boom et les Parisiens sont au rendez-vous. Des genres comme le One Man Show se confirment. Regards sur l’essor des spectacles à Paris au moment où les théâtres publics présentent leurs nouvelles saisons.
« Je sens que les gens ont besoin de rire et je vais vous dire, ça fait du bien ! ». Le visage en sueur et le sourire aux lèvres, Floriant termine son premier One Man show. Il vient de réaliser son rêve de gosse. Seul dans le noir, il réajuste sa chemise blanche. Ce soir, c’est lui l’artiste. La salle du café-théâtre le bout, située en plein Pigalle, hurle son nom. Il décide de revenir sur scène pour un dernier numéro. « C’est l’effet bienvenue chez les ch’tis » lance-t-il avant de lever le rideau.
Paris aime rire, Paris aime sortir et le théâtre est en ébullition.
Le Bout
Les « petites salles » (de 15 à 100 places) prolifèrent et tous les genres se côtoient, avec une prédilection pour les jeunes humoristes comme Floriant. « Plus l’ambiance est morose, plus les théâtres sont pleins », s’amuse-t-il. L’offre s’élargit, la demande aussi, Paris est entrée dans l'ère du one-man-show et l’on ne compte plus les salles qui ont éclos à l'Est de la capitale.
Mais l’engouement ne s’arrête pas aux petites salles du rire. C’est l’offre globale qui a explosé ces dernières années tant sur les scènes publiques que privées. Dans son édition du samedi 17 mai, le journal le monde, indique que « de 1968 à 2008, le nombre de salles de théâtre à Paris a doublé et l'offre de spectacles a été multipliée par cinq. En 1968, on comptait une soixantaine de salles, et une moyenne de 70 spectacles par semaine. Quarante ans plus tard, on dénombre 130 salles environ, et une moyenne de 300 spectacles par semaine, ce chiffre pouvant monter jusqu'à plus de 450 en période pleine. ». L’ouverture de nombreuses salles de moins de cent places et la création de petites salles par de grands théâtres ont largement contribué à cet essor.
Pendant ce temps, loin de l’improvisation des petites salles naissantes, un autre théâtre se prépare. Les grandes institutions publiques annoncent leurs nouvelles saisons. Les programmes ont fière allure et témoignent d’une volonté intacte de faire briller de grandes pièces et de grands acteurs.
Dans ses adieux au théâtre de la Ville, le directeur Gérard Violette ne s’y est pas trompé en déclarant un brin ironique : « nous assistons à l’avignonisation de Paris, le public doit rester informé et ouvert aux grandes œuvres ». Emmanuel Demarcy de Motta, qui prend la relève, a souligné l’importance des langues, de la poésie, du mélange des générations et de la danse pour un théâtre créatif et diversifié. La programmation sera riche de 97 programmes et 410 représentations dans les deux salles (place du Châtelet et Abbesses) de l'institution, qui honorera sa vocation pluridisciplinaire en mêlant le théâtre, la danse, la musique classique et les musiques du monde.
« Création, diversité », des mots qui résument parfaitement l’étendue de l’offre théâtrale dans la capitale, avec un déplacement notoire vers la rive droite, où l’on compte de nombreux théâtres publics qui n’existaient pas, de la Bastille à la Colline, en passant par le Rond-Point ou les Abesses. La Colline où, Alain Françon auréolé du succès de l’hôtel du libre-échange, a présenté sa dernière saison complète, avec toujours cette volonté d’inscrire l’écriture d’aujourd’hui dans celle d’hier. L’amant de Duras, Face au mur, de Martin Crimp, la cerisaie de Tchekhov ou encore l’échange de Claudel seront, entre autres, à l’affiche.
Le Théâtre de la Colline
Le choix est donc large pour les Parisiens entre les théâtres publics, privés et les petites salles. Trop large diront certains. Difficile parfois de s’y retrouver tant l’offre est abondante. Le risque de saturation du public existe. Comment choisir sa pièce parmi ce florilège de représentations ?
Dans sa petite salle du bout à Pigalle, le jeune Floriant ne se pose pas de questions. Son One Man Show est un succès. Il rêve maintenant d’une plus grande salle. « Mais la concurrence est rude, il y a de plus en plus d’humoristes » avoue-t-il. Les gens n’ont jamais eu autant besoin de rire et les salles n’ont jamais été aussi nombreuses. Je ris donc j’oublie semble à la mode à Paris.
le théatre a le vent en poupe et je m'en réjouis!
Quel plaisir de se dépayser, de sortir de la morosité ambiante en allant au devant des auteurs et acteurs du spectacle...
Rédigé par : mj.chatellenaz | 29 mai 2008 à 00:11
oui il faut rire et sortir ,la vie devient trop triste
Rédigé par : JOBO | 28 mai 2008 à 23:56
Bravo pour cet article riche et bien écrit. Je crois que l'auteur a vu juste, les parisiens n'ont jamais eu autant le coeur à rire. J'ai moi-même découvert le café-théâtre il y a peu, et je me régale dans les petites salles parisiennes, notamment au Bout et au Point Virgule. et si les salles sont pleines, les tarifs attrayants y sont sans doute pour quelque chose. Peut-être qu'un jour Paris rattrapera Londres,le théâtre ne sera plus une sortie exceptionnelle mais commune, on ira au théâtre plus souvent qu'au cinéma...
Rédigé par : Leila | 28 mai 2008 à 16:54